Pour avoir le point de vue d’un initié sur l’évolution de la situation concernant la COVID-19,nous avons parlé à quelques-uns de nos experts du secteur pour nous aider à mieux comprendre ce qui se passe en première ligne pendant que nous essayons tous d’aplatir la courbe et nous disons #restezchezvous. Voici notre deuxième « Questions et réponses sur la sécurité en période de pandémie », avec Rollo Davies, expert en sécurité de première ligne et rédacteur en chef du magazine The Professional Security Officer (TPSO).
Rollo est un ancien officier de la police métropolitaine qui a quitté le service en 1992 pour explorer les occasions dans le secteur privé. Il a de nombreuses années d’expérience dans le secteur de la sécurité : des postes en première ligne, la sécurité corporative de la ville et des postes de patrouille mobile dans différentes entreprises de l’Essex et du Kent, des postes de direction dans deux grands hôtels cinq étoiles de Londres, la gestion de contrats pour certains des plus grands noms de la ville et du West End, et depuis plusieurs années, la responsabilité de la plus grande équipe de patrouille et d’intervention mobile du pays, il possède un large éventail d’expérience dans le secteur britannique.
Toujours passionné par le secteur et souhaitant faire la différence, Rollo a rejoint le « Security Institute » en 2017. Il a également créé un profil dans les médias sociaux afin de mettre en lumière les principaux enjeux et de sensibiliser le public au rôle important de la sécurité, devenant ainsi un commentateur établi et respecté.
TrackTik : quels types de changements s’opèrent en sécurité de première ligne relativement à la COVID-19?
Rollo : l’un des plus grands changements auxquels nous assistons se situe dans le secteur de la sécurité événementielle. Les concerts de musique, les parties de football et les événements sportifs sont tous annulés, si bien que ce secteur connaît une énorme baisse, tout comme les clubs et les pubs. Mais il y a des hauts et des bas, donc bien qu’il y ait moins de possibilités de gardiennage dans le domaine du divertissement, il y a de nouvelles possibilités dans d’autres domaines comme les supermarchés et des agents de sécurité de première ligne sont nécessaires pour superviser la distanciation sociale dans de nombreux endroits. Il y a également davantage de bâtiments vacants et d’entreprises fermées, de sorte que nous constatons une augmentation du nombre d’agents et une plus grande demande pour les patrouilles mobiles et les équipes de réponse aux alarmes.
TrackTik : vous savez probablement les conséquences de ce virus sur les forces de l’ordre dans le monde entier. Dans l’épicentre du virus en Amérique du Nord, à New York, un policier sur six est malade ou en quarantaine. Les agents de police et de sécurité travaillent-ils en étroite collaboration?
Rollo : je l’ai constaté personnellement, et ils travaillent bien ensemble quand on leur demande de le faire. Les services de police signalent en fait une diminution de la criminalité, chacun s’isolant chez lui, ce qui fait que la charge de travail diminue. La sécurité privée s’est renforcée pour faire face à des événements tels que le déclenchement d’alarmes anti-intrusion dans des zones sensibles, mais la majorité du temps, la police n’a pas eu besoin de l’aide de la sécurité privée autant que nous le pensions à ce stade de la pandémie.
TrackTik : quelques personnes ont suggéré que la sécurité de première ligne n’aurait jamais dû être classée comme un secteur essentiel. Quelle est votre opinion à ce sujet?
Rollo : je pense qu’il est assez décevant que le gouvernement n’ait pas reconnu le rôle joué par la sécurité jusqu’à ce que la SIA et la police soulignent que des agents de sécurité sont nécessaires pour laisser entrer les pompiers et répondre aux alarmes. Ce n’est que lorsque le ministre de l’Intérieur, Priti Patel, est intervenu que cette perception a changé. Au cours du mois dernier, plusieurs personnes ont exprimé l’opinion que les professionnels du secteur de la sécurité de première ligne ne devraient jamais être classés dans la catégorie des travailleurs essentiels, en raison du manque de formation ou du calibre de certaines personnes. Mais cela ne tient pas la route. Ils jouent un rôle essentiel. En voici quelques exemples :
- Lorsque les personnes confinées devront retourner au travail dans les bureaux, les magasins, les usines et les écoles, ces endroits devront être en bon état, et non pas vandalisés, pillés ou brulés.
Ce sont des agents de sécurité qui protègent ces emplacements en ce moment.
- Le service de police déjà très occupé pourra-t-il gérer des milliers d’alarmes déclenchées chaque nuit?
Ce sont actuellement les agents de sécurité qui s’en occupent.
- Vous voulez faire vos courses en toute sécurité dans les épiceries, sans être témoin de pillages, d’agressions ou de la stupidité liée à la COVID-19?
Les professionnels de la sécurité garantissent tout cela actuellement.
TrackTik : les agents de sécurité de première ligne étaient-ils préparés à la pandémie du point de vue de la sécurité?
Rollo : non, pas du tout. Nous n’étions pas prêts dans le monde de l’après-11 septembre avec les attaques terroristes aléatoires comme les envois d’anthrax, et nous n’étions pas prêts pour la pandémie. Au Royaume-Uni, les agents de sécurité sont agréés par la SIA, mais cette formation est très basique et ne comprend que les premiers soins de base. Je pense qu’à l’avenir, les entreprises de sécurité doivent investir dans la formation avancée des premiers soins et fournir des équipements de protection individuelle à nos agents. À l’heure actuelle, les agents de sécurité ne sont formés que pour traiter les blessures mineures. Nous sommes donc indéniablement à la traîne en matière de formation avancée pour nos agents de sécurité et nous devons rattraper notre retard. Je n’avais jamais vu de masques ou de respirateurs sur un site.
TrackTik : notre perception collective du gardiennage en tant que secteur d’activité va-t-elle changer à la suite de la pandémie?
Rollo : c’est un sujet qui me tient beaucoup à cœur. J’écris présentement un article sur les travailleurs de la sécurité de première ligne pour The Professional Security Officer Magazine (TPSO). La sécurité de première ligne étant actuellement sous les feux de la rampe, la perception du public est déjà en train de changer. Le public montre son appréciation et son respect pour nos travailleurs de première ligne, mais ce n’est encore que le début. Après la COVID-19, je pense que nous devrons renforcer la formation de nos agents. Il y a des agents de sécurité professionnels qui veulent faire leur travail, mais il y a aussi des agents qui ont reçu une formation sur le terrain et qui ont accepté le poste parce qu’ils le percevaient comme un travail facile. Ce qui est susceptible de changer lorsque tout cela sera terminé.
TrackTik : pensez-vous que les agents de sécurité de première ligne adopteront plus ou moins de technologies liées à la sécurité à l’avenir? Et si oui, quels types de technologies ? Plus de TCF? Plus d’unités mobiles?
Rollo : il y a beaucoup de technologies intéressantes qui sont apparues grâce à la pandémie. Je pense qu’à l’avenir, nous verrons des caméras à détection de chaleur corporelle dans les aéroports, les événements sportifs et les ports. Je pense que l’utilisation des caméras de surveillance va augmenter, et tous ces changements vont mettre la pression sur le secteur du gardiennage. Je prévois que des améliorations seront nécessaires dans le secteur du gardiennage, mais ces besoins concernent principalement la formation et l’éducation. Je pense que l’utilisation des patrouilles mobiles va également augmenter.
TrackTik : vous êtes le rédacteur en chef du magazine The Professional Security Officer (TPSO), quels changements envisagez-vous pour l’avenir du magazine?
Rollo : notre prochaine édition de TPSO est consacrée à la COVID-19. Un groupe d’expert contribuera au magazine afin de discuter des effets de la COVID-19 sur le secteur de la sécurité. Je contribuerai du point de vue de la sécurité de première ligne. J’espère que tout cela ne sera plus qu’un terrible souvenir et que nous pourrons revenir à la normale, ou à une nouvelle normalité. Nous devons améliorer la préparation de la première ligne à l’avenir, mais je ne vois pas d’autres secteurs, à l’exception des soins de santé, qui aient fait preuve d’une telle résilience face à l’adversité.
TrackTik : avez-vous des idées à partager avec nos travailleurs de première ligne qui continuent à se présenter au travail tous les jours?
Rollo : j’aimerais remercier tous les hommes et toutes les femmes dévouées qui sont en première ligne. Ces travailleurs de première ligne ne peuvent pas travailler à partir de la maison, ils ne peuvent pas s’isoler comme le fait le reste du monde. Ils ne reçoivent aucune indemnité de maladie, mais seulement une indemnité de maladie légale de 95 £ par semaine, ce qui n’est pas beaucoup. Mais ils continuent à se présenter au travail. Alors je leur dirais : « Continuez, s’il vous plaît. » C’est un fait remarquable, même si les statistiques réelles sont difficiles à obtenir pour le moment, mais nos agents de sécurité ne sont pas infectés par le coronavirus en grand nombre si l’on considère qu’ils touchent quotidiennement des centaines de poignées de porte et de claviers de systèmes d’alarme. À titre anecdotique, c’est négligeable, donc il est assez remarquable de les voir continuer. Merci à eux, car sans eux, qui sont en première ligne tous les jours, la vie serait radicalement différente aujourd’hui.
Nous espérons que vous avez apprécié la deuxième édition de notre série de questions et réponses sur la sécurité en période de pandémie. Nos pensées vont aux femmes et aux hommes dévoués qui travaillent comme agents de sécurité de première ligne dans cette période sans précédent. N’oubliez pas de partager les histoires positives concernant les agents de sécurité de première ligne sur les médias sociaux en utilisant #frontlinesecurity pour leur montrer que vous les appréciez.
Restez en sécurité, restez en bonne santé, restez en sécurité.
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